par Pierre de Bancourt -Palestine 2024-
Ici, un visage se lève dans la nuit —
pas vraiment visage,
plutôt un reste,
une mémoire d’humain prise dans la cendre et les fils de fer.
Une grille lui traverse la peau,
comme un filet jeté sur la parole.
Chaque carrée retient un souffle,
chaque trait est une frontière,
chaque croisement une blessure.
Les yeux, lourds comme des pierres mouillées,
regardent sans regarder,
cherchent encore une lumière
dans le noir qui les avale.
Les deux éclats rouges
coulent comme des larmes impossibles —
sang, braise, signe que le monde brûle à même le visage.
Dans l’ombre qui s’épaissit,
des lettres se dispersent,
mots fracassés, langues amputées,
toutes ces histoires que l’on n’a jamais laissées se dire.
La matière grésille,
se déchire, se rature,
comme un mur frappé par les bombes,
comme une peau qui garde trace de la douleur.
Et pourtant,
dans le cœur obscur de cette toile,
quelque chose tient —
une présence fragile,
une résistance muette,
une vie qui refuse l’effacement.
Ce visage que l’on voudrait dissoudre
reste là,
accroché aux mailles du monde,
suspendu dans un souffle qui dit encore :
« Me voici. Je n’ai pas disparu. »
























